(Temps de lecture : 10 minutes)
Il est un lieu en Champagne où les vignes murmurent des secrets plus anciens que le vin. Là, au cœur d’un domaine que l’on devine prestigieux, se dresse un rang isolé, oublié des vendanges, dissimulé aux regards. Un endroit choisi, non pour la qualité du raisin, mais pour la densité du silence et la beauté cruelle de la nuit.
C’est là que je l’ai mené.
Nu.
Docile.
Mon jouet.

Il a marché à mes côtés sans poser de question, une laisse discrète autour du cou, cachée sous sa chemise. C’était sa volonté, après tout. Me servir, m’honorer, m’offrir son dos, sa fierté, son sang… sur sa propre terre.
Je me souviens du bruit de ses pas sur l’herbe humide, du froissement de ses chaussures qu’il retirait à ma demande, des tremblements à peine perceptibles quand je lui ai ordonné de se déshabiller, là, au milieu de ses vignes. Un frisson dans l’air. Peut-être le vent. Peut-être la peur.
Il a obéi. Chaque bouton détaché avec lenteur. Un striptease de honte. Et lorsqu’il s’est retrouvé entièrement nu, son sexe a réagi. Bien sûr. L’humiliation fait bander les faibles.
— À genoux, ai-je ordonné.
Il a chuté, le regard au sol, les mains sur les cuisses, comme un petit esclave bien dressé. Mais je ne voulais pas de soumission feinte. Je voulais l’offrande. L’abandon. Le sacrifice.
Je l’ai relevé. Lentement. Détaché les sangles de mon sac. Fixé ses poignets à deux piquets de vigne, tirés à hauteur d’épaule. Il formait une croix, le dos bien tendu, exposé à la morsure de mon fouet. Les jambes écartées. Le sexe libre. Le souffle court.
— Ce soir, tu ne comptes pas pour toi.
— Je compte pour vous, Maîtresse.
J’ai souri.
Le premier coup n’est pas le plus dur. C’est celui qui annonce. Celui qui grave le mot “soumission” dans l’air. Mon fouet a sifflé, et il a gémi. Pas fort. Pas encore. Mais assez pour me satisfaire.
— Un… merci Maîtresse…
Il croyait que je le fouetterais cinquante fois. Cent. Il n’avait pas encore compris. Ce soir, je ne voulais pas simplement punir. Je voulais écrire un poème en marques rouges sur son dos.
500 coups.
Pas un de moins.
Le cuir a commencé à chanter. D’abord sur les omoplates, puis le bas du dos. Chaque frappe était calculée, artistique, presque musicale. Il comptait, toujours, la voix de plus en plus rauque, entrecoupée de halètements, de spasmes incontrôlables.
À 100, je me suis arrêtée. J’ai marché lentement autour de lui, caressant du bout de mes doigts ses premières marques. Il transpirait déjà. Pas de douleur profonde encore, juste la brûlure chaude, lancinante. Je l’ai regardé dans les yeux.
— Tu veux arrêter ? ai-je demandé.
Il a secoué la tête. Il voulait aller au bout. Il voulait m’appartenir.
Alors j’ai repris.
Les 200 suivants furent plus lents, plus méchants. Je visais les zones déjà fragiles. Les zébrures devenaient violacées. Il pleurait, à présent. Mais sans jamais s’arrêter de compter. Un bon chien.
À 300, il a failli tomber. Ses jambes pliaient, son corps tremblait, et je n’avais pas encore frappé son sexe. Je suis venue à lui, je l’ai soulevé par les cheveux.
— Ce sont tes terres, ai-je murmuré. Et tu les honores comme il se doit.
Je l’ai giflé. Puis j’ai pris mon doigt et je l'ai enfoncé dans la terre avant de lui étalé sur ses lèvres.
— Mange un peu de ta dignité. Tu es un produit du sol. Et maintenant, tu es à moi.
Il a gémi de plaisir. Un gémissement sale, honteux, animal.
Je suis repartie à l’arrière, et j’ai recommencé à frapper. Cette fois, je visais bas. Les cuisses. Les mollets. Et bien sûr, l’intérieur des cuisses, si sensible. Il criait. Les chiffres devenaient incertains.
Je ne corrigeais pas ses erreurs. Chaque erreur de comptage ajoutait dix coups. Il l’a compris trop tard. À 400, il en avait déjà reçu plus de 430.
À 450, j’ai pris une pause. Une vraie. Je l'ai regarder tranquillement souffrir, pendu à ses piquets, le sexe flasque, le corps marqué, l’âme soumise. Il avait traversé une nuit dont il ne sortirait pas indemne. Puis j’ai repris. Cette fois, c’était du pur sadisme. Je visais son dos déjà saignant, laissait le cuir coller, tirer la peau, réveiller les plaies. Il ne comptait plus qu’en chuchotant.
— Quatre cent… quatre-vingt… deux…
J’ai accéléré. Les cinq cents sont tombés comme la fin d’une symphonie. Cinq derniers coups. Profonds. Lents. Violents. Impossibles à oublier.
Quand le dernier est tombé, je me suis approchée. Je l’ai détaché. Il s’est écroulé au sol, sur la terre, sur les racines de ses propres vignes, nu, marqué, en larmes. Je me suis agenouillée derrière lui.
Je lui ai glissé un doigt dans la bouche.
— Voilà ce que tu es, ai-je murmuré. Un vin à moi. Pressé, battu, affiné sous mes coups. Tu m’appartiens, et ton terroir aussi.
Il a hoché la tête. Il ne parlait plus. Il n’en avait plus besoin.
Je l’ai laissé là. Je suis repartie en silence, le fouet enroulé dans ma main. Il est resté une heure, seul, couché dans sa terre, marqué pour l’hiver.
Et chaque fois qu’il vendra une bouteille… il se souviendra.
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